Le corpus d’objets du projet PROCHE comprend plus de 80 000 numéros d’inventaire. En raison de cette ampleur, il s’avère difficile d’entreprendre une recherche approfondie sur l'ensemble de ces objets. Deux méthodologies ont donc été mise en place au sein du projet par l’équipe belge et par l’équipe congolaise. L’équipe belge privilégie une approche essentiellement archivistique, en recentrant sa démarche sur les personnes impliquées dans leur acquisition, plutôt que sur les objets eux-mêmes. L’objectif est de reconstituer des biographies permettant de mieux connaitre le parcours, les réseaux et les motivations de ces acteurs. L’approche biographique est un axe de la recherche de provenance employée aussi par d’autre institutions muséales, comme le musée du Quai Branly – Jacques Chirac (Kasarhérou 2019).
Lors de ces recherches biographiques, quatre principales sources archivistiques sont mobilisées.
Une fois l’ensemble des sources et bases de données examinées, une biographie est rédigée, compilant les informations retrouvées, notamment : dates et lieux de naissance et de décès, — éléments essentiels pour déterminer si les données peuvent être rendues publiques (ce n’est pas le cas si la personne est toujours en vie). La biographie mentionne également dans la mesure du possible les principaux lieux d’activité, fonctions ou professions exercées, ainsi qu’un point spécifique sur les circonstances d’entrée de l’objet – ou de la collection d’objets – dans les collections du musée. Les synthèses de ces notices biographiques sont destinées à être mises à disposition du public sur le site web du projet, dans le respect du règlement général sur la protection des données (RGPD).
Les sources mentionnées précédemment, comme toute source historique, doivent faire l’objet d’une analyse critique. Elles reflètent les idéologies de leur époque, souvent marquées par une vision valorisante de l’entreprise coloniale et de ses acteurs. Les archives liées à des individus — qu’il s’agisse de correspondances, de rapports, de journaux personnels ou de dossiers professionnels — révèlent non seulement des trajectoires personnelles, mais aussi les relations de pouvoir, les hiérarchies sociales et les réseaux professionnels qui structuraient les dynamiques coloniales. Une lecture critique de ces documents est donc indispensable afin d’en identifier les biais structurels et d’envisager d’autres angles d’interprétation, plus représentatifs de la complexité des faits.
Comme mentionné précédemment, l’équipe congolaise a adopté une approche combinant des investigations à la fois sur des recherches archivistiques effectués en Belgique et des enquêtes de terrain menées en République démocratique du Congo sur un corpus plus restreint d’objets. Cette démarche permet de croiser les sources, d’appréhender les contextes culturels et historique de ces objets, ainsi que de questionner la mémoire encore présente dans les communautés.
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